Jeunesse en quête de solutions ?

La recherche de repères, que ce soit des repères symboliques ou institutionnels, est en soi une recherche de solution toute subjective, qui nous amène à diverses questions :

Est-ce être guidé par d’autres, qui auraient la solution, comme le Service National Universel (SNU) et la Foi, être enfant de la République ou enfant de Dieu ?

Est-ce appartenir à un groupe, renvoyant à la notion d’engagement auprès de ses pairs, en étant comme eux, par la Foi et/ou la foi en de mêmes valeurs ?

Est-ce, au-delà du parent, qui chute de son piédestal, la quête d’un idéal auquel se référer, auquel s’identifier, auquel on adhère et envers lequel on croit ?

Des jeunes perdus après la crise sanitaire

Suite à la crise sanitaire, beaucoup de jeunes se sont sentis perdus, ne sachant plus quels étaient leurs projets d’études et/ou professionnels, en d’autres termes, ce qu’ils allaient devenir. Cela a, semble-t-il pour certains, mis un terme à toutes projections.

Cette période complexe, changeante, incertaine et anxiogène, semble provoquer chez un certain nombre de jeunes, une difficulté de se projeter, d’y voir clair, et de pouvoir croire en ses projets en lien avec un ralentissement de tout, une absence parfois d’écoute et de compréhension au sein des institutions, qui génèrent de ce fait une défiance.

Qu’est-ce que devenir adulte ?

Telle cette question, qu’est-ce que devenir adulte, qui se pose immanquablement à tout à chacun, et qui devient un thème de groupe d’échange auprès de jeunes en insertion au sein de la Mission locale, par exemple.

Qu’est-ce que cela veut dire, qu’est-ce que cela signifie pour celui ou celle qui le devient, de par la majorité. Certains ne le souhaitent pas, y voient un piège où l’on s’enferme avec des contraintes et une absence de plaisir.

Devenir adulte est une projection, « quand je serai grand, je serai… », entre le rêve et la réalité il y a souvent un fossé, en fonction des passions et du désir.

Mais encore faut-il en avoir envie, tel ce jeune homme, âgé de 22 ans, qui a eu le BAC, un BTS, il a eu son permis et ne travaille pas, il reste dans sa chambre chez ses parents, il n’a pas d’amis, et ne sort pas sauf quand il y est contraint.

Ainsi, nous pouvons constater que certains jeunes, accompagnés de leurs parents, sont perdus, ne savent plus que faire, ils errent et arrivent au PAEJ de Lorient, avec beaucoup d’espoir de retrouver, voire trouver leur voie. Ce sentiment semble commun à beaucoup, car l’actualité tend à nous renvoyer parfois une forme d’errance.

Témoignage du parcours de deux jeunes accompagnés au sein du PAEJ du pays de Lorient

Qu’est-ce qui motive un jeune âgé de 15 ou 16 ans à participer au SNU, à se faire baptiser et à se sentir soutenu par la Foi ?

 

Dans ce sens, Lila, 15 ans, suite à de nombreux décès dans sa famille, sollicite le service. Elle nomme une grande douleur qu’elle contient de peur de provoquer une réaction du côté de sa mère, mais également du côté du père, qui est distant. Elle se trouve dans la difficulté à faire un deuil qui ne se parle pas et qui ne s’exprime pas par le biais des émotions.

Elle se sent mieux depuis quelque temps. Elle apprécie de nouveau les cours, les trouve intéressants et a envie de faire plus de choses comme parler à toute sa classe. Elle perçoit qu’elle est « moins endeuillée » et qu’elle commence à se sentir mieux. Elle recommence à lire. Elle mesure qu’elle a perdu du temps dans ses apprentissages. Elle a obtenu de bonnes notes, cela la rassure car ses notes avaient chuté, est plus attentive en cours.

Etant dans un cheminement personnel, elle nomme son souhait de se faire baptiser, elle est dans cette réflexion depuis un an, elle a vu un prêtre qui va l’orienter vers la paroisse adaptée à sa demande. Ce choix lui appartient et cela la rend plus sereine face aux pertes vécues.

 

Quant à Mélodie, 16 ans, suite à un traumatisme, elle est orientée au PAEJ car elle ne parle pas de ce qui s’est passé. Elle dit qu’elle ne parle à personne si ce n’est à Dieu et que seul Dieu lui fait peur, tout en disant n’avoir peur de rien ni de personne. Elle se décrit comme protectrice vis-à-vis de sa famille et se dit passionnée dès qu’elle fait quelque chose en lien avec ses projets comme le SNU, les stages et son souhait de faire carrière dans l’armée…Elle est déterminée et affirmée. Mais comme le dit sa mère « elle ne parle plus depuis ce qu’elle a vécu en début d’année ».

Elle dit qu’elle est là parce qu’on lui a dit d’y aller mais « en vrai elle s’en fiche car elle n’aime pas parler d’elle ».  Elle a des amis à qui parler, elle s’en est fait de nouveau avec le SNU, celui-ci étant un créateur de lien, par le fait d’être « ensemble entre jeunes ». Elle nomme, néanmoins une colère en elle, qui ne s’exprime pas. Elle va reprendre bientôt la boxe qui est, pour elle, un moyen d’exprimer cette colère.

Elle parle de Dieu qui l’aide au quotidien, dit avoir la foi, ne sait pas comment cela lui est venu. Elle veut se faire baptiser. Elle est soutenue par ses parents et sa meilleure amie qui est croyante.

 

Le PAEJ n’a pas vocation à conseiller, mais accompagne le sujet vers sa propre solution, à son rythme. Ces états de mal-être, d’anxiété et de questionnements sont bien présents et révélateurs d’un certain malaise ambiant en lien avec un vécu personnel parfois éprouvant. De cette demande, émerge d’autres questions et à un moment apparaît une ou des solutions propres aux jeunes.

D’où, peut-être la Foi et le SNU qui semble redonner du sens là où il n’y en a plus.

Du côté du cinéma

« Les combattants » de Thomas Cailley (2014)

C’est l’histoire d’une rencontre entre Arnaud et Madeleine, deux jeunes gens que tout semble opposer.

Thomas Cailley est le réalisateur également du film “Le règne animal” actuellement en salle.

Pascale MARCADE

psychologue clinicienne, PAEJ du Pays de Lorient