Les cafés parents, une expérience de rencontres et d’échanges entre parents

Le Point Écoute Parents organise  régulièrement des cafés parents, notamment dans des écoles. Dans ce cadre, nous souhaitions aujourd’hui vous témoigner de ces expériences riches de rencontres avec des parents, à chaque fois singulières.

Le tissage partenarial avec les professionnels des écoles, un préalable indispensable

Lorsque des cafés parents sont organisés dans les écoles, le travail de partenariat avec les professionnels est essentiel. En effet, pour exemple à l’école élémentaire de Bois du Château (quartier de la ville de Lorient), il est d’abord proposé un petit déjeuner aux enfants et aux parents, les invitant ainsi à nous rejoindre, ensuite, pour le café parent. Cette démarche facilite fortement l’occasion d’une rencontre avec les parents, en confiance avec les professionnels de l’école, ayant transmis l’information.

Un réel soutien indispensable pour l’organisation et la mobilisation des parents sur ces temps collectifs !!

Un café parent à l’école maternelle publique Jacques Prévert de Bois du château

Alors que nous proposons de venir animer un café parent au sein de l’école Jacques Prévert, l’équipe enseignante a organisé ce matin-là, une chorale, où les parents sont invités à venir voir et écouter leur enfant.

A notre arrivée, les professionnelles de l’école ont préparé le matériel de projection, disposé des chaises et des bancs et prévu des gâteaux ; nous nous sentons très accueillies, des conditions idéales !!

Nous avons ensuite assisté au spectacle, au milieu de l’assemblée des parents sur l’invitation d’une maman déjà installée. A l’issue de la représentation, la directrice invite les parents désireux de nous rejoindre pour un café et la projection d’un court métrage.

Nous avons choisi un film, évoquant les thèmes du partage, de la transmission et des souvenirs d’enfance.

Nous accueillons une quinzaine de parents, des mères en grande majorité mais aussi quelques pères, seuls et en couple ou accompagnés d’un tout petit non scolarisé. Certains parents commencent à nous questionner sur les missions de notre service et demandent quelques précisions, manifestant un certain intérêt. La plupart des parents restent pour assister à la diffusion du film. Un parent doit partir mais nomme, intéressée, qu’elle s’organisera pour rester la prochaine fois que nous serons là.

Nous présentons brièvement l’association, notre service, nos fonctions et modes d’intervention. Nous diffusons le film et proposons de se réunir plus en cercle pour favoriser l’échange. Certains parents nous quittent en évoquant le travail ou des rendez-vous. Un petit groupe se prête à l’exercice et nous amenons quelques questions, leur permettant de verbaliser autour de ce que le film a pu susciter chez eux. Un parent se lance et évoque les générations, ce qu’ils aiment partager avec leur enfant et leurs propres souvenirs d’enfance. Une mère évoque que quelque chose de modeste peut être ressenti comme plus important selon le regard que l’on porte dessus. Les parents commencent à échanger, expérimentent de prendre la parole et de livrer leurs impressions. Certains parents sont déjà venus à des cafés des parents et pour d’autres c’est une première fois.

Les écrans : une question récurrente

L’échange vient rapidement sur la question des écrans, comment faire en tant que parents alors qu’ils sont omniprésents dans notre société, combien de temps peut-on y laisser son enfant ? Peut-on le laisser seul ? Est-ce que l’on peut du jour au lendemain arrêter les écrans ? Quelles sont les conséquences d’un arrêt brutal ? Les questions s’adressent aux professionnelles que nous sommes et à un certain savoir supposé. Nous tentons l’exercice de faire émerger le savoir de leur côté, du côté des parents et de l’ensemble du groupe nouvellement formé. Les parents se saisissent de cette possibilité d’expression et évoquent la question des limites, de la distraction qu’un écran peut représenter pour faire accepter autre chose : l’écran partagé, l’écran qui éveille l’enfant et l’écran plaisir ou récompense.

Fréquemment, les questions reviennent vers nous, nous livrons quelques idées issues de nos expériences, sans en faire des réponses absolues, et laissons entendre qu’il y a quelque chose de singulier à découvrir pour chacun.

Une dé-singularisation des questionnements de parents

Des écrans, la discussion bascule sur le quotidien, comment communiquer avec son enfant? Des parents se lassent de se répéter quotidiennement dans les demandes et les exigences faites à l’enfant. Comment rendre son enfant autonome ? Comment faire avec ce qui est perçu comme des régressions : le biberon préféré au verre, le vêtement enfilé par le parent sur l’enfant presque endormi au lever… Les parents livrent la gestion délicate du temps, l’empressement, les cris qui accompagnent ces moments de préparation.

Des parents questionnent sur des comportements de parents qui les inquiètent, à qui en parler, comment faire ? Est-ce que l’on peut signaler à quelqu’un qui pourrait intervenir ? Puis cela produit une certaine inquiétude : « Si je crie, si je hausse la voix, est-ce que je suis mauvais ? » « Est-ce qu’il y a danger ? »

Qu’est-ce que le danger ?  En tant que professionnelles, nous nouançons, guidons vers quelques réflexions pour éclairer ces questions. Nous contribuons à rassurer et à évoquer que la confiance et la valorisation du parent apportent beaucoup à l’enfant, tout en indiquant qu’il y a possibilité d’interpeller des professionnels lorsqu’une situation peut nous préoccuper. L’idée reste que cet espace puisse permettre d’aborder en toute confiance les tâtonnements de chacun dans son devenir parent, de souligner que cette dynamique se construit tout au long du développement de l’enfant, avec des progrès et des répétitions. Les parents témoignent du couple, de la place que chacun prend, de l’assurance de l’un à faire autorité, des effets de la parole et de l’intonation sur l’enfant, et d’autres pour qui l’autorité est moins aisée. Ils témoignent de la confiance qu’ils se font en tant que parent, qui évolue dans le temps, qui se construit elle aussi par des essais et des tentatives plus ou moins fructueuses.

« La dé-singularisation » c’est prendre conscience que l’on n’est pas seul dans son questionnement. « Se tourner vers les ressources d’autres parents et non pas d’entendre les propos d’experts. « Ils n’offrent pas de formule magique » mais plutôt la « possibilité d’échapper à l’isolement, de rompre le silence, de s’ouvrir sur les autres et de bénéficier de leur expérience » (Damien LEGERE , LA REVUE DE FORSYFA p 70 Sémaphore2 , 2017).

Les parents poursuivent cet échange avec nous, entre eux un peu plus et nous nous quittons en expliquant notre façon de mener le groupe, sans recette préparée à l’avance. Cela se construit avec eux, ils y mettent leurs ingrédients, leurs savoir-faire, pour inventer ou élaborer à plusieurs des recettes, à chaque fois différentes. Nous remettons quelques liens vers notre service, à travers les flyers, et les remercions d’avoir participé à ce moment de partage. Ce fut un moment riche de partage d’expériences, de questionnements et d’échanges autour de finalement, c’est quoi être parents !

Marie GASPARINI

psychologue, PEP du Pays de Lorient

Sophie TALIGOT

éducatrice spécialisée, PEP du Pays de Lorient