Mon déconfinement et moi / émoi
Comment traiter l’inouï du confinement qui nous a tous concerné ? Comment chacun a fait, individuellement, singulièrement, dans cette expérience pourtant commune ? Et surtout, comment les jeunes ont-ils vécu cette période ? Quels ont été leurs émois ?
Qu’est-ce qui est le plus étrange : le confinement ou le déconfinement ?
C’est à partir de ces questions, que nous avons choisi, au Point Accueil Ecoute Jeunes Capjeunes du Pays de Guingamp, de rencontrer ceux qui souhaitaient en dire – ou en entendre – quelque chose.
La modalité « apéro-jeunes » avait déjà été testé avec plusieurs partenaires du territoire dont la Résidence Habitat Jeunes « L’Escale Jeunesse ». Cette invitation à la rencontre, sur un mode « décontracté » facilite la prise de parole pour certains jeunes moins à l’aise dans un face-à-face de type entretien d’écoute.
Lors de deux rencontres – une en Juillet et une en Août – ils ont pu aborder leurs ressentis, leurs questions, leurs doutes, leurs peurs, mais aussi les trouvailles singulières qui ont été les leur pour « faire avec » quand même. Dans ce temps pour comprendre, certains jeunes ont pu mesurer les effets de cette contrainte / privation sur eux-mêmes et leurs proches : « J’ai peur pour mes proches, ma famille, mais pas pour moi » dit l’un. Il fut également question de la difficulté à retrouver le lien social au sortir du confinement : « On nous a dit de rester chez nous, mais maintenant j’ai du mal à sortir de chez moi ». D’autres qui avaient pour habitude de passer la plupart de leur temps chez eux, s’amusent que « la France ait pris [leur] mode de vie ».
La majorité des jeunes présents s’accordent à dire que selon eux, « l’humanité n’est plus là ». Derrière cette formule choc, se dévoile le manque de la présence de l’autre : « le téléphone, les masques, c’est pas pareil ».
Ces deux temps furent l’occasion pour certains jeunes d’entendre qu’ils n’étaient pas les seuls à avoir traversé des moments délicats, et pour d’autres de se saisir des inventions de leurs pairs pour faire avec l’angoisse. « Il nous faudra apprendre à vivre avec » cette nouvelle réalité qui s’impose à tous. Voici la conclusion des jeunes. Réalistes, mais pas défaitistes.
Chloé LE FAUCHEUR, Psychologue clinicienne,
Point Accueil Ecoute Jeunes Capjeunes du Pays de Guingamp