La place des parents dans nos structures

Une journée qui fédère

Le 6 mars 2025, les professionnels des territoires de Guingamp Paimpol Agglomération et de Leff Armor Communauté ont répondu présents à la proposition du collectif parentalité du Pays de Guingamp, de se retrouver afin de réfléchir et travailler pendant une journée sur le thème « La place des parents dans nos structures ». Cette journée a bénéficié du soutien financier de la Caisse d’allocations familiales 22, de Guingamp Paimpol Agglomération et de Leff Armor Communauté.

Ce thème fédérateur n’était pas choisi par hasard. Il fait suite à un questionnaire de recueil des besoins des participants mais aussi aux questions qui émanent des acteurs de terrain lors des réunions du collectif : Pourquoi depuis quelques années les pouvoirs publics nous demandent d’associer les parents à nos actions ? Comment les associer ? Leur faire une place, mais laquelle ? Et de quelle place s’agit-il ?

Ce sont 45 professionnels, tous horizons confondus, qui ont contribué à cet espace d’échange : Structures d’accueil petite enfance, Accueils de Loisirs Sans Hébergement, MJC, CAF, PAEJ, Services Jeunesse, SIJ, coordinatrice parentalité EPCI, chargée de mission parentalité inclusion Familles Rurales, animateurs sportifs, associations sociales…

Au cours de cette journée, nous avons pu échanger et découvrir ou redécouvrir nos partenaires du territoire, dans une ambiance conviviale. Cette interconnaissance des professionnels était l’un des objectifs de cette journée, afin de pouvoir mieux se connaitre dans nos missions respectives, pour pouvoir mieux orienter les parents.

 Une journée qui laisse place à la parole

Au cours d’échanges interprofessionnels, très rapidement diverses interrogations ont émergé, et ont pour effet de venir réinterroger différentes dimensions de travail autour de la parentalité comme : quelles offres sont faites aux parents ? A quoi les convoque-t-on avec différentes initiatives des institutions ? quel investissement est possible de la part des parents ? de la part des institutions, de la part des services ? quelles représentations sont liées et véhiculées par les structures ? Rien n’est semble-t-il moins évident pour nous professionnels, et le travail de parole s’est ici trouvé mis en œuvre par et pour les professionnels, quel changement de perspective ! là où nous élaborons, dans nos lieux d’exercice pour les usagers…

Daniel Coum, psychologue clinicien et psychanalyste, a introduit son propos de la matinée avec cette idée « Quand on s’occupe d’un enfant, on a à faire à ses parents… Accueillir la parentalité, ce n’est pas être en position d’expert, c’est créer du lien ensemble pour s’occuper d’un enfant. »

Ainsi il nous invitait dès son introduction à nous interroger sur des questions et enjeux aussi essentiels que l’acte de déléguer l’éducation, le fait de dé -missionner les parents, sur la faisabilité de s’occuper à la fois des parents et de leurs enfants/ados, ou encore sur l’importance de repérer les parents qui pourraient se saisir des différentes propositions ?

Daniel Coum énoncera ceci : « la difficulté n’est que le symptôme d’une évolution d’être parents ». Cette énonciation serait-elle à entendre comme être parents est aujourd’hui un défi ? que seuls ceux qui l’éprouvent en savent quelque chose ? il semble tellement difficile de définir le rôle, la place, la fonction de parents que la question de l’éducation se ferait à plusieurs.

Il n’en reste pas moins, nous dit-il que la question de la langue est incontournable car la question est posée : « qu’est ce qui, dans ce que nous utilisons de la langue, exclut les parents ? ».

L’enjeu contemporain serait-il alors la coéducation, parents-institutions ? mais alors comment doit-elle, peut-elle s’incarner ? Les réponses sont multiples mais le maintien d’un lien, la mutualisation, la présence d’un cadre sont autant de réponses qui se déplient sur nos territoires et qui se targuent d’être là et de soutenir la parentalité.

Une journée qui implique les parents

Le soutien à la parentalité était justement ce dont sont venus nous parler des mères et un bénévole des Francas au travers de leurs témoignages, leurs retours d’expériences de temps d’échanges entre parents « Les mamans papotent » ou encore « quartiers libres » ou encore de travaux au sein de quartiers prioritaires de la ville. Ainsi ils sont venus dire comment l’éprouvé du lien professionnels – parents, avec des initiatives partagées, au fil d’un temps propre à chacun, sans obligation de résultats, est par lui-même vecteur de faire ensemble. Comment se construit une relation de pair-aidance lorsque rien n’est attendu du côté des parents et qu’ainsi ils ne se sentent pas convoqués à rendre compte de leurs « bonnes pratiques ».

Cette journée, nous a invité à nous (re)poser des questions, afin de tendre à ne pas vouloir être, là où on ne nous attend pas.

Ainsi les enjeux de travail à propos de la parentalité, ne seraient-il pas, de ne pas trop en savoir et de ne pas trop vouloir en dire, mais bien d’être là… ?

Audrey CONNAN

psychologue clinicienne, PAEJ Cap Jeunes